Analyse des faits marquants du bilan 2023 de la qualité de service dans les transports (AQST)

L’année 2023 a été la pire année de la décennie pour la ponctualité ferroviaire et aérienne.

Ces mauvais résultats sont liés à des causes à la fois conjoncturelles et structurelles. Les conséquences du dérèglement climatique commencent notamment à se faire sentir sur l’ensemble des modes de transport.
L’année 2023 a été malheureusement encore pire que la précédente, déjà qualifiée de l’une des pires années parmi les 10 dernières au niveau de la ponctualité aérienne et ferroviaire générale. La dégradation concerne aussi les RER ainsi que les Transiliens, sans être la pire de la décennie dans ce dernier secteur.
Globalement il s’agit dans le ferroviaire aussi d’une des pires années depuis 1954.

Les explications sont à la fois conjoncturelles et structurelles.

Parmi les principales causes conjoncturelles de 2023, figurent les mouvements sociaux nationaux contre la réforme des retraites, qui ont perturbé tous les modes de transport.
Concernant l’aérien, la mise en place du programme de modernisation de la navigation aérienne 4-Flight, sans doute souhaitable sur le fond, a entraîné de fortes réductions des plans de vol ainsi que des retards lors des mises en service successives par zones. Ces mises en service se poursuivront au-delà de 2023.

En tête des causes structurelles, figure l’âge avancé du réseau ferroviaire, y compris le plus structurant. L’ancienneté du réseau reste significative, malgré les moyens financiers importants qui lui ont été attribués. Résultat : des pannes fréquentes, touchant jusqu’aux zones de trafic les plus denses.
La seconde cause structurelle est l’engorgement des nœuds et axes ferroviaires les plus denses, avec des systèmes de signalisation souvent moins capacitaires que l’état de l’art en Europe. Cette situation rend plus difficile le rattrapage des problèmes rencontrés.

La troisième cause provient de la vétusté de certains matériels roulants ferroviaires. Malgré les efforts importants consentis par plusieurs régions pour améliorer le réseau TER, ces défaillances concernent parfois les zones urbaines, avec des conséquences importantes sur la fluidité du trafic.

La quatrième cause touche le secteur aérien, avec l’engorgement des aéroports. La situation est particulièrement critique lors de la période estivale où la demande est particulièrement forte. En revanche, les dysfonctionnements liés à l’arrivée récente des personnels de traitement des bagages en 2022 et à la reprise post crise sanitaire ont été résolus.

De nouvelles causes en passe de devenir structurelles.

Le dérèglement climatique pèse de manière croissante sur la ponctualité ferroviaire et aérienne.
Pour 2023, les conséquences ne sont pas tant liées à la canicule (qui provoque la dilatation du rail) qu’aux tempêtes exceptionnelles. Celles-ci devraient malheureusement, à l’avenir se multiplier, frappant un réseau encore peu adapté à ce nouveau contexte.
La seconde est liée au manque de personnels, notamment de conduite. Au-delà des retards enregistrés pendant la crise sanitaire, les difficultés de recrutement sont structurelles et conduisent à des déprogrammations parfois très significatives, ou à des annulations de dernière minute. Le manque de matériel roulant TGV, du fait de retards de livraisons, explique également une partie des dysfonctionnements. Si ces retards n’impactent pas la ponctualité, ils rendent l’offre programmée insuffisante par rapport aux besoins raisonnables de la clientèle.


AÉRIEN

Tableau synthétique de la régularité et de la ponctualité en 2023

% annulation 2023 % retard 2023
Intérieur N.R. 21,90 %
Moyen-courrier N.R. 30,40 %
Long-courrier N.R. 29,40 %

La ponctualité aérienne, dans le détail des statistiques, pour :

  • Les vols intérieurs : le taux de retard passe de 15,6 % en 2019 à 19,4 % en 2022 puis remonte à 21,9 % en 2023.
  • Les vols moyen-courrier : Le taux de retard passe de 22,6 % en 2019 à 28,1 % en 2022 puis remonte à 30,4 % en 2023.
  • Les vols long courrier : le taux de retard passe de 23,6 % en 2019 à 28,4 % en 2022 puis remonte à 29,4 % en 2023.




FERROVIAIRE

Tableau synthétique de la régularité et de la ponctualité en 2023

% annulation 2023 % retard 2023
Longue distance International* 4,40 % 15,20 %
TGV* 3,40 % 14,60 %
Intercités 1,50 % 19,30 %
Régional TER 2,60 % 9,30 %

* Au seuil de prévenance pour la prise en compte des annulations de J-3

La ponctualité ferroviaire

Les mouvements sociaux du début d’année ainsi que les aléas météorologiques du quatrième trimestre ont lourdement impacté la circulation ferroviaire.

… dans le détail des statistiques, pour :

  • Liaisons TGV : le taux de retard est en hausse par rapport à 2019 et 2022. Le taux de retard passe de 13,8% en 2019 à 14,2% en 2022. Il remonte à 14,6% en 2023.
  • Liaisons internationales : il s’agit du seul taux de retard qui enregistre une baisse. Il atteignait 14,6% en 2019 et 16,1% en 2022. Ill passe à 15,2% en 2023.
  • Intercités : le taux de retard est en hausse, passant de 13,2% en 2019 à 16,7% en 2022. Il atteint 19,3% en 2023.
  • Transports Express Régionaux (TER) : le taux de retard est, lui aussi, en augmentation. Il atteignait 7,8% en 2019 et 8% en 2022. Il s’élève à 9,3 % en 2023.

Le suivi réalisé par l’AQST met en avant de fortes disparités géographiques : la région Bretagne connait le taux de retard le plus bas avec 5,4% (celui-ci était de 4,4% en 2022) tandis que la région Sud-PACA avec 12,7% (contre 9,9% en 2022), enregistre le taux de retard le plus élevé.

RER et Transilien

L’AQST constate une dégradation de la « ponctualité voyageurs » suivie par Ile-de-France mobilités par rapport à 2022 et 2019. En effet, celle-ci est passée de 9,7 % en 2019 à 9 % en 2022 puis à 9,8 % en 2023. Par rapport à 2022, la ponctualité des lignes de RER A et RER C est celle ayant le plus diminué avec des baisses de 1,5% et 2,5%.
En matière de Transilien, si l’on compare les données de 2023 avec celle de 2022, seule la ligne Transilien « L » voit sa ponctualité progresser.

La régularité ferroviaire

  • Liaisons TGV : contrairement à l’année 2022, le taux d’annulation augmente entre 2022 et 2023. Ainsi, on est passé d’un taux d’annulation de 2,7 % en 2019 à 1,5 % en 2022 puis à 3,4 % en 2023.
  • Liaisons internationales : le taux d’annulation enregistre une forte hausse entre 2022 et 2023. Ainsi, le taux d’annulation passe de 2 % en 2019 à 1,8 % en 2022 puis remonte à 4,4% en 2023.
  • Intercités : contrairement aux autres modes de transports ferroviaires, le taux d’annulation Intercités enregistre, en 2023, une légère baisse. Il est passé de 3,66 % en 2019 à 1,56 % en 2022 puis à 1,51 % en 2023.
  • Transports Express Régionaux (TER) : le taux d’annulation enregistre une légère hausse de 2,3 % en 2019 à 2,59 % en 2022. Il remonte à 2,61 % en 2023.

A l’instar du taux de retard, on observe de fortes disparités territoriales en ce qui concerne le taux d’annulation. Tout comme la ponctualité, la meilleure régularité est mesurée en région Bretagne : celle-ci connaît un taux d’annulation de 1,3 % (le meilleur taux) contre 3,5 % pour la région Occitanie (le moins bon taux).

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